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Regarder la beauté du monde


Quand j'ai quitté le Brésil, mes amis s'inquiétaient de mon retour en France. L'intensité de mon séjour, la splendeur des paysages, la liberté incroyable que permet l'immensité ne pouvaient que creuser un manque difficile à combler. On ne remplace ni les êtres, ni les expériences. Ils se succèdent sur la ligne du temps et celle de notre déploiement. Dans tous les cas c'est la suite d'un voyage forcément plein de découvertes.

Je ne connaissais pas Saumur, l'Anjou, la Loire. Depuis c'est l'émerveillement au rythme des courbes du fleuve, de son eau étonnamment claire, de ses longues et surprenantes langues de sable. Ce spectacle de la nature sous la chaleur bienveillante de l'été est un cadeau de rentrée aux couleurs d'automne. Les maïs dorés qui caressent le bleu du ciel, les figues déjà un peu lourdes, les coings qui mêlent leur jaune à celui des pommes, les baies rouges qui mouchettent le vert cru des feuillages, les tomates et les potirons qui enflamment les jardins des maisons de poupées de la ville de Rou-Marson. Impression de vivre dans un conte de fées entre château de princesse et cavernes.

Bien sûr, la laideur existe. Plus on s'y attarde, plus elle existe. Autant la survoler, l'ignorer comme on le fait pour une maladie qui n'est pas mortelle. Il n'existe aucun intérêt à se rouler dans la laideur, à lui donner notre énergie. Je suis persuadée que plus on cultive en soi la beauté, plus elle nous apparaît. C'est un travail de l'âme et du regard.

La Nature, surtout quand elle est sauvage, est un pansement de l'âme, un profond sentiment de lui appartenir dans un état délicieux de fusion où l'angoisse n'existe pas. Domestiquée par la grâce d'un poète ou d'un jardinier c'est un bain de douceur qui nous fait oublier la violence des hommes, un repos avant de retourner au combat que nous livre la civilisation.

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